La tradition, respectée par des millions de musulmans à travers le monde, veut que l'on sacrifie un animal (généralemement un mouton) en mémoire du sacrifice d'Abraham, histoire fondatrice des trois monothéismes juif, chrétien et musulman. Dans les sociétés rurales, le fidèle procèdait lui-même au sacrifice, une pratique de plus en plus difficile à observer dans les sociétés modernes. Depuis l'an dernier en France, les sites dérogatoires d'abattage, longtemps tolérés et même organisés par l'administration à proximité des villes pour l'Aïd, sont interdits par un arrêt du conseil d'Etat. Cette interdiction justifiée par la règlementation européenne devrait être appliquée cette fois-ci plus rigoureusement qu'en 2002 où le temps avait manqué pour trouver des alternatives, indique-t-on au ministère de l'Agriculture. Sur directive des ministères de l'Intérieur et de l'Agriculture, des réunions de concertation ont été organisées en préfectures avec les administrations, les associations musulmanes et les professionnels de la boucherie. Objectif: concilier l'attachement des musulmans à cette fête avec les dispositions réglementaires en matière de santé publique, de protection animale et de respect de l'environnement. Quelque 90.000 ovins ainsi que 2.000 bovins (traditionnellement préférés pour le sacrifice par la communauté turque) ont été abattus en trois jours l'an dernier pour l'Aïd. Un chiffre à rapprocher des quelque 6 millions d'ovins tués pour consommation en France durant l'année. "Le problème, c'est que la répartition de la population musulmane ne correspond pas du tout à la carte des abattoirs", explique la direction générale de l'alimentation. Les musulmans sont majoritairement urbains alors que les abattoirs sont plutôt situés en régions rurales. Beaucoup ont d'ailleurs fermé dans les dernières années, dans un marché de la viande en crise. Il a donc fallu imaginer des circuits complexes où les moutons vivants sont acheminés près des villes pour y être choisis et achetés par les familles avant d'être transportés vers un abattoir où les animaux seront mis à mort par un sacrificateur agréé par une instance religieuse, sous la surveillance des autorités sanitaires. C'est un tel système qu'a dénoncé jeudi la Fondation Brigitte Bardot, alertée par la vente d'une centaine de moutons vivants dans un supermarché de Lormont (sud-ouest). Le PDG du magasin a précisé que tous les acheteurs se sont engagé par écrit à faire abattre leur animal dans un lieu agréé par la préfecture. Ailleurs des abattoirs fermés pour raison économique mais en parfait état de fonctionnement rouvrent leurs portes le temps de l'Aïd el Kebir. Enfin, les entrepreneurs issus de la communauté musulmane sont de plus en plus actifs dans l'organisation d'une filière de viande hallal, et cela tout au long de l'année. |